C’est une architecte majeure et atypique qui vient donner une conférence le 1er mars à l’école d’architecture. Carin Smuts, architecte militante dans les townships, pose la question : qui peut voler ?

 

 


Carin Smuts est lauréate du Global Award for Sustainable Architecture.

Sibusiso rêvait de construire un avion à partir de matériaux recyclés. Il construit de nombreux avions à différentes échelles. Tout a commencé avec un rêve. Voilà pour le pitch de la conférence de Carin Smuts.

Cette architecte atypique se place d’emblée sur le champ de l’utopie et du social. Née en 1960 à Pretoria, elle dit avoir choisi l’architecture pour “l’action sociale” : “C’est une décision rationnelle expliquait-elle dans un entretien au Monde. “Une grande partie de la population en Afrique du Sud vit dans la misère, et la plupart de nos architectes se contentent de construire le même paysage monotone de boîtes en verre. Ma méthode, c’est de prendre le temps d’aller voir les habitants, de les impliquer dans l’élaboration d’un projet viable, de leur donner du travail sur le chantier.”

Depuis 1989 et la création de son agence CS Studio, l’architecte a piloté et réalisé plus d’une centaine de projets architecturaux, s’impliquant très en amont, dans l’assistance aux collectivités, voire dans la recherche de financements. A son actif, des logements à bas coût et un grand nombre d’équipements publics : écoles, centres d’art, salles polyvalentes, foyers ruraux…

 

Une dimension humaine et collaborative

Ses projets intègrent tous une dimension humaine et collaborative. Les chantiers sont organisés sous forme d’ateliers de formation ou de réinsertion, et font intervenir les artistes des townships ou les peintres traditionnels ruraux.

“La plupart de nos travaux sont des installations publiques pour des communautés défavorisées”, expliquait-elle dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique. “Nos budgets sont extrêmement réduits et nous travaillons de manière peu conventionnelle dans la mesure où nous sommes contactés par des associations communautaires qui n’ont pas d’argent mais une vision. Il faut ensuite trouver l’argent, car ceux qui viennent vers nous en ont rarement .” La recherche des budgets et le mode participatif impactent la durée des projets, qui sont relativement longs, mais garantissent leur succès.

 

La diversité culturelle à la base de la conception

Le travail de Carin Smuts intègre toujours la dimension culturelle. C’est même un élément prépondérant dans la phase de conception. “La manière dont l’espace est occupé en Afrique est façonné par les systèmes de croyances culturelles et sociales. Les espaces sont généralement plus stratifiés que la manifestation tridimensionnelle conventionnelle de l’espace, comme en Europe occidentale. Cette superposition des espaces qui renvoie souvent à la diversité culturelle est importante à prendre en compte dans un monde où la migration mondiale est la norme.”

Carin Smuts a reçu en 2008 à Paris, le Global Award for Sustainable Architecture.

 


 

Conférence

 

Vendredi 1er mars 2019 à 18h30
École d’architecture de la reunion
Tel: 0262 45 71 73

 


 

Quelques projets du CS Studio

 

Blikkiesdorp, cape town, 2005
Réhabilitation d’une maison du quartier de Blikkiesdorp au Cap. La vieille maison construite à la fin des années 50 avait un toit typique en tuiles rouges. Le toit a dû se détacher et des dalles de béton préfabriquées ont été installées pour couvrir la vieille maison. Tout le bois de la structure du toit a été soigneusement enlevé et a été réutilisé pour la fabrication d’escaliers et de meubles.

 

Village culturel, Cape Town, 1999
Ce centre culturel a été développé après la fin de l’apartheid dans les années 1990 à Langa, le plus ancien township du Cap. Il a été construit avec les habitants via un chantier participatif.

 

Delft, Cape Town, 2011
Construction d’un hôpital de quartier. Une attention particulière a été portée aux espaces communs qui sont considérés comme faisant partie du processus de guérison et qui peuvent accueillir la famille élargie.